Bruni/Pierron : un duel fraternel au sommet

Amis dans la vie, rivaux sur les pistes, Loïc Bruni (quadruple Champion du Monde de descente) et Amaury Pierron (Vainqueur de la Coupe du Monde 2018, 2ème au classement général en 2019) forment un binôme étonnant. Ces deux-là aiment se tirer la bourre sur leur bécane autant que partager des moments de vie ensemble.

Dominant la scène internationale du VTT de descente ces dernières années, les deux pilotes français prendront le départ de la Coupe du Monde UCI MTB aux Gets, les 2-3-4 juillet prochain.

Loïc Bruni (à gauche) et Amaury Pierron (à droite), ici vainqueur de la manche de Coupe du Monde aux Gets en 2019.

On leur a demandé de nous parler l’un de l’autre…

A ton avis, comment se sent Amaury/Loïc à l’aube de cette saison ?

Loïc : C’est dur de parler pour lui mais je pense que ce n’est pas facile à cause de sa blessure de l’an passé. Il s’est cassé la clavicule et les apophyses transverse sur les Championnats de France, et il était hors du circuit pendant plus de trois mois donc il doit retrouver la confiance, tout reconstruire. Ce n’est jamais facile de revenir de blessure, c’est un gros challenge. Je pense qu’il a hâte mais qu’il a sûrement des doutes donc ce sera intéressant de voir ce qu’il peut faire notre petit Maumau.

Amaury : L’année dernière Loïc a dû rester un peu sur sa faim même s’il finit par claquer une victoire à la dernière course. Il a eu un peu du mal entre le début et le milieu de saison, ça ne lui a pas réussi comme il voulait donc là je pense qu’il doit avoir faim !

Pourquoi est-ce que Amaury/Loïc est un pilote à part ?

Loïc : Il a cette faim de gagner ! Quand il est dans ce mode-là, c’est très dur de le battre. Il est super fort pour rouler sur la limite entre ça passe ou ça casse. Il est à fond tout le temps. Chaque virage, il se met des frayeurs mais il arrive à contrôler ça.

Quand il est dans ce mode-là, il arrive 1er ou 2ème et du coup, c’est dangereux pour le classement général. Il y a très peu de mecs qui sont capables de rouler comme ça. Moi, je n’en suis pas capable. Même si je roule avec le cœur, j’en garde toujours un peu sous le pied. C’est quelque chose que j’aimerais avoir chez lui.

Amaury : Loïc arrive à être puissant et super propre à la fois. Il est très solide et en même temps, il ne fait pas de bruit. Un peu comme un chat sur un marshmallow (rires). Je pense aussi qu’il a quelque chose au niveau du mental qui lui permet de gagner les Championnats du Monde. Je n’ai pas encore décelé ce que c’est mais je vais le trouver un jour ou l’autre.

Ton meilleur souvenir avec Amaury/Loïc ?

Loïc : Je ne sais pas si c’est le meilleur mais le 1er qui me vient à l’esprit, c’est quand il a gagné sa 1e Coupe du Monde. C’était à Fort William, je revenais de blessure, j’ai fini 5ème et on était ensemble sur le podium. Il était super euphorique et je comprenais ce qu’il ressentait car j’avais vécu la même chose l’année d’avant. C’était super de partager cette victoire avec mon pote. Et c’était une des dernières fois où j’étais content qu’il me batte.

Amaury : Le plus beau moment que je garde c’est un geste qu’il a eu envers moi. Lors de la Coupe du Monde de 2017 à Val di Sole, pendant l’échauffement pour le run, il m’a dit « Vas-y, fais-toi plaisir, roule vite et pense que t’es capable de le faire ». Ça m’a complètement relâché et j’ai réussi à faire mon meilleur résultat à ce moment-là, une 2ème place à Val di Sole. J’étais super fier.

Ce n’est pas trop compliqué de gérer amitié et rivalité ?

Loïc : Ce n’est pas évident c’est sûr. On doit accepter cette rivalité et réussir à la mettre de côté quand il faut. On reste humble et respectueux l’un envers l’autre. Même si on est un peu dégouté d’avoir été battu, on est quand même content pour notre pote. Au final, on a l’habitude de fonctionner comme ça, ça fait partie de notre relation un peu particulière.

Amaury : c’est compliqué parce qu’on travaille tous dur pour la même chose et quand tu te fais battre, c’est dur à encaisser même si tu es content pour l’autre. On reste quand même fairplay, honnêtes et bienveillants entre nous.

Ton meilleur souvenir aux Gets ?

Loïc : A la Coupe du Monde 2019, entre l’arrivée et le podium il y avait un monde de dingue et c’était une vraie mission d’arriver jusqu’au podium. Après la remise de prix, je devais aller au contrôle anti-dopage. Il y avait tellement de spectateurs que Vévé de la police m’a embarqué dans la voiture de police, a mis les gyrophares pour traverser la foule. C’était un bon délire !

Amaury : La Coupe du Monde 2019 aux Gets, c’est le plus beau souvenir que j’ai pu avoir sur une compet. Ce n’est pas juste le fait de passer la ligne, il y avait une émulation incroyable tout le weekend : lors des entrainements, les centaines de spectateurs tout au long de la piste, les tronçonneuses et le public en feu à l’arrivée. Sans oublier la marseillaise qui a résonné dans tout le village, c’était vraiment un moment fort. J’ai quelques bons souvenirs de soirées folles au barbylone aussi.

Comment envisages-tu les Mondiaux 2022 ?

Loïc : vu l’ambiance en 2019, je crois que ça va être la folie. J’ai vraiment hâte de faire des Championnats du Monde en France. Ce sera une première pour moi. J’espère de tout cœur être dans la bataille pour le titre. De plus, le niveau des pilotes français est très élevé en ce moment donc si le niveau reste le même d’ici 2022, ces Championnats du Monde en France pourraient bien être parmi les meilleurs de l’histoire.

Amaury : Pour l’instant, je suis assez concentré sur cette année qui va être importante pour moi après la blessure. C’est sûr que les Mondiaux en France en 2022, ça va être grandiose. Courir chez soi devant son public, le plaisir sera encore démultiplié. J’ai hâte en tout cas !