Les JO au féminin : rencontre avec Adeline, Océane et Mia

Dans le cadre de la Semaine Olympique et Paralympique, qui se tiendra du 1e au 6 février 2021 aux Gets, nous avons rencontré trois ambassadrices gétoises qui nous partagent leur expérience des Jeux Olympiques et leur vision du sport de haut niveau.

Trois championnes, deux disciplines mais une même voix : celle du sport féminin ! Rencontre croisée avec Adeline Mugnier, Océane Avocat Gros et Mia Clerc.

Adeline Mugnier

Gêtoise pure souche, Adeline Mugnier a ramené aux Gets de bien jolis trophées. Elle a surtout participé aux JO d’hiver de Sotchi en 2014 et de PyeongChang en 2018.

Les Gets a obtenu le label « Terre de Jeux 2024 », et a été sélectionné comme centre d’entrainement aux Jeux pour le VTT Cross-Country (XCO) dès 2021. Qu’est-ce que cela t’inspire ?

« Je trouve que c’est hyper intéressant pour la station. Ce type d’événements (JO) rassemble beaucoup d’équipes sportives et peut générer pas mal de retombées économiques pour les hôtels, les appartements et les commerces des Gets. C’est d’autant plus important dans le contexte actuel. En tant que coach sportive, ce serait l’opportunité d’ouvrir ma salle à des athlètes de haut-niveau qui viendraient s’entrainer aux Gets. Ces sportifs pourraient par la suite revenir aux Gets pour leurs vacances ou leur plaisir. »

Terre de Jeux 2024 vise à promouvoir largement le sport. Ayant toi-même grandi dans un milieu sportif, pourquoi est-ce important d’encourager la pratique sportive ? 

« J’ai eu la chance d’être baignée dans le sport depuis les bancs de l’école, et je vois tout ce que ça m’a apporté aujourd’hui. C’est essentiel d’apprendre aux enfants à aimer le sport de manière général, quel qu’il soit, même juste aller se balader. Aux Gets, il y a un large choix d’activités été comme hiver : le ski, les raquettes, le biathlon, la randonnée, le VTT… Mais on pourrait aller encore plus loin, et faire découvrir d’autres sports qu’on a moins l’habitude de voir en montagne comme la boxe, le judo, la danse, etc. »

Depuis ta 1ère participation aux JO en 2014, est-ce que le monde de l’Olympisme a évolué selon toi ? 

« Pas vraiment… Les JO, c‘est énormément de médiatisation et de choses à gérer par rapport à une Coupe du Monde. Tout est exagéré et plus intense. Je trouve qu’on en fait beaucoup pour une seule journée de course bien qu’elle soit déterminante pour la carrière d’un.e athlète.

Je me suis retrouvée dans une situation assez spéciale à Sotchi pour l’épreuve du Géant. La journée était affreuse : il pleuvait des cordes, la neige était horrible, toute mouillée. J’étais sur le télésiège avec mon technicien et j’avais du mal à croire que j’étais aux JO. Car peu importe les conditions météo, ta course c’est ce jour-là et pas un autre et il faut être performante coute que coute. Sinon c’est RDV dans 4 ans ! »

Quels conseils donnerais-tu aux jeunes athlètes gétois qui se préparent pour une sélection olympique ou paralympique ? 

« C’est plus facile à dire qu’à faire mais il faut essayer de rester dans sa bulle, se concentrer sur les choses qu’on maitrise et ne pas vouloir en rajouter trop, et de ne pas se laisser distraire par tous les à-côtés. Mon conseil : rester focus sur soi et sur sa course. »

Océane Avocat Gros

Après plusieurs années de compétition en ski alpin, Océane découvre le saut à ski à 14 ans. Depuis elle enchaîne les top 30 en Coupes du Monde et est bien décidée à gagner son ticket pour les JO 2022.

Quand tu as appris que Les Gets serait centre d’entrainement pour le VTT Cross-Country (XCO) pour les Jeux 2022, quelle a été ta réaction ?

« Je trouve ça super cool. Ça va amener beaucoup de spectateurs aux Gets et une ambiance géniale. Cela montre la diversité des activités qui sont proposées aux Gets. Ce n’est pas qu’une station de ski, le VTT est très présent en été. C’est une station qui vit toute l’année. Accueillir ce genre d’événements en Haute Savoie et aux Gets permet de montrer les atouts de nos stations de montagne et ça aura un bon impact sur la station au niveau économique, culturel… »

Comment te prépares-tu pour les JO de 2022 ?

« On s’entraine toute l’année, été comme hiver, pour être performant sur les circuits de Coupe du Monde et les Championnats du Monde. Car c’est sur base des résultats en Coupes du Monde que l’on récupère le quota de places pour les Jeux. Les Coupes du Monde, c’est un peu l’antichambre des JO.

Si je suis sélectionnée pour les Jeux, il faudra que je sorte toutes mes cartes, que j’applique tout ce que j’ai appris ces dernières années. Le stress sera beaucoup plus important et le mental joue beaucoup sur les performances. Il faudra que je sois concentrée sur moi-même sans me laisser distraire par l’effervescence des Jeux pour arriver à lâcher mes sauts et à montrer le meilleur de moi-même. »

Le saut à ski féminin a fait son apparition tardivement aux JO, en 2014. Est-ce que cette discipline mériterait plus d’attention ?

« Peu de gens connaissent le saut à ski en France et je ne vous parle même pas du saut à ski féminin ! Le circuit féminin n’est presque pas médiatisé en France. Si les jeunes ne connaissent pas ce sport, ils ne penseront pas à essayer. Actuellement, il y a très peu de filles pour prendre la relève et rejoindre l’équipe avec nous. C’est dommage…

Une idée serait de mettre en place des initiations ouvertes à tous pour faire découvrir le saut à ski. Il y a quelques années, ils avaient installé un petit tremplin en bas du village des Gets. C’était une super initiative !»

Existe-t-il de grandes différences entre le circuit masculin et féminin ?

« On s’est beaucoup battues pour être sur le même pied d’égalité que les hommes, pour avoir des Coupes du Monde, pour participer aux mêmes compétitions comme la Tournée des 4 Tremplins. On commence à faire notre place, le niveau commence à être sacrément élevé mais il y a encore quelques inégalités. Les prize-money en Coupe du Monde ne sont pas les mêmes pour les hommes que pour les femmes. En tant qu’athlète féminine, ce n’est pas facile de vivre de son sport et c’est compliqué de trouver des sponsors. C’est tout un engrenage qui fait que nous restons encore trop dans l’ombre.»  

Mia Clerc

Originaire de Madagascar, Mia chausse les skis à l’âge de 5 ans sur les pistes des Gets. Quelques années plus tard, la voilà sélectionnée pour les JO d’hiver 2018 où elle sera la 1e femme à porter les couleurs malgaches.

Début 2021, tu as fait une lourde chute lors d’une course à Flaine, une fracture ouverte tibia péroné, qui signe malheureusement la fin de ta saison. Comment te sens-tu ?

« Au début, c’était compliqué d’accepter la situation mais il faut garder le moral. Là ça va déjà mieux. J’ai directement commencé les séances de kiné et dans 1 semaine je peux recommencer à marcher. Fin février, je pars en centre de rééducation. Je vais travailler physiquement les parties plus faibles de mon corps et je reviendrais plus forte. »

Comment est née ta passion pour le ski alpin ?

« J’ai été adoptée à 1 an et demi par mes parents qui vivent aux Gets. Ce sont eux qui m’ont appris à skier. J’ai commencé la compétition quand j’avais 8 ans histoire de découvrir une nouvelle activité et c’est vite devenu une passion. Le sport de haut niveau est un monde assez différent. J’aime l’ambiance qui règne sur les courses. On apprend constamment de nouvelles choses sur son corps, son mental… Ma discipline préférée ? Le Géant. C’est celle où je me sens le plus à l’aise et où je progresse le mieux. »

Que retiens-tu de ta participation au JO 2018 ?

« C’était une très belle expérience. J’étais jeune donc je n’y allais pas pour performer. L’objectif était que j’arrive en bas de la piste. En plus, j’étais la 1e femme des pays de l’océan Indien à participer aux JO d’hiver et j’ai eu l’honneur de porter le drapeau malgache. Une double fierté pour moi car je tiens à promouvoir le développement de la femme et du sport féminin malgache. »

Les Gets a reçu le label « Terre de Jeux 2024 » et prend part à l’aventure des Jeux 2024. Qu’est-ce que cela t’inspire ?

« Je suis fière de retourner dans ma station de cœur où j’ai grandi et où j’ai appris énormément de choses. Il y a plein d’activités à découvrir, été comme hiver. Par exemple, en parallèle du ski, je patinais beaucoup quand j’étais plus petite. De plus, la station possède pas mal d’atouts pour le sport de haut niveau, que ce soit en ski alpin ou en VTT. »

Quelles sont tes ambitions pour le futur ?

« Cette année, ma saison est terminée mais j’avais prévu d’améliorer mes points dans chaque discipline pour pouvoir participer aux Championnats du Monde junior en Italie. J’aimerais viser un top 30 en Géant ou Slalom pour les JO de 2022.”

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