Noé, shaper aux Gets : un métier, une passion

Lorsqu’on ride avec aisance sur les pistes VTT des Gets, on est loin d’imaginer le travail titanesque qui se cache derrière ces descentes réputées et ce qui se passe en coulisses.
Avez-vous déjà entendu parler des shapers ?  
Et bien ce sont eux ! Ces hommes de l’ombre, ces artistes de la terre qui façonnent le Bikepark avec beaucoup de finesse et de passion.

Les shapers des Gets sont de vrais architectes. Ils planifient chaque virage, chaque bosse et chaque saut avec beaucoup de précisions, assurant ainsi aux vététistes la possibilité de vivre des aventures palpitantes sans risquer de finir dans un arbre.
Rencontre avec l’un d’entre eux qui vous livre quelques secrets de son passionnant métier…

Les Gets : Qui est Noé en quelques mots ?

Noé : J’ai 23 ans, je suis devenu shaper professionnel en 2019. Originaire d’Alsace, je suis tombé amoureux de la station des Gets depuis ma première visite il y a une dizaine d’années lors de vacances en famille. J’ai aujourd’hui la chance d’y exercer mon métier de shaper et de travailler aux côtés d’une équipe fantastique.

Les Gets : Quel est ton parcours ?

Noé : Après avoir obtenu mon Bac ES, j’ai rejoint Bike Solution (bureau d’études spécialisé dans la conception de Pump Track notamment) où j’ai passé trois saisons enrichissantes. Cependant, j’ai ressenti le besoin de revenir à ma pratique d’origine, la descente à VTT. En quête de nouvelles opportunités, j’ai atterri aux Gets en 2022, très fier de me retrouver dans l’une des stations leaders de la discipline en Europe.

Les Gets : Quels conseils donnerais-tu aux plus jeunes qui ont envie d’exercer ce métier ?

Noé : Le façonnage des pistes, c’est avant tout une passion dévorante. De par son exigence et sa technicité, se lancer dans ce métier exige un dévouement et un engagement total. Si je peux donner un conseil, ce serait de réaliser ses propres projets dans la forêt avec l’accord du propriétaire. Pour ma part, dès l’âge de 14 ans jusqu’à mes 18 ans, dès que j’avais un moment de libre, je me rendais dans les bois pour construire mes propres aménagements.

En ce qui concerne les études et la formation, le métier de shaper a connu d’importantes évolutions des dernières années. De nos jours, on peut obtenir un Bac Pro des métiers de la montagne, offrant des spécialisations en paysagisme qui sont particulièrement pertinentes pour cette profession. Ces formations permettent d’acquérir des compétences spécifiques et approfondies qui s’avèrent essentielles pour exceller dans ce domaine.

Les Gets : Peux-tu nous faire un petit résumé d’une journée type en tant que shaper aux Gets ?

Noé : La journée débute à 8h00, lorsque toute l’équipe se rassemble dans le local situé au cœur des pistes. Nous nous réunissons pour discuter des chantiers à accomplir durant la journée, en prenant en compte les retours des Bike Patrol (presque l’équivalent des “pisteurs” en été) qui roulent en continu et nous font part de l’état des pistes. Nous faisons le point également des pistes qui n’ont pas été travaillées depuis longtemps et qui nécessiteront un prochain entretien. Après cette session de brainstorming matinale, nous nous répartissons les tâches en fonction de nos rôles. En ce qui me concerne, je suis pelliste, à l’aide d’une mini-pelle.

Grâce aux directives matinales, nous savons ce qu’il nous reste à faire. Le plus souvent, nous lissons les pistes présentant des trous dus aux nombreux passages et nous modifions certains virages. Ces deux types de chantiers sont fréquents. Parfois, nous devons même refaire entièrement une piste, ce sont des projets plus conséquents qui s’étendent sur environ trois semaines voire un mois.

Après le passage avec la mini-pelle, un autre shaper prend le relais à la main, muni d’une pelle, pour repasser sur les petites imperfections et lisser la piste. Ensuite, nous nous réunissons tous pour discuter de la journée, échanger nos avis et nos points de vue. La communication entre nous est essentielle dans notre métier.

Nos journées se terminent généralement vers 18h00. Nous prenons le temps de faire le plein des machines et d’entretenir nos outils… Cette cohésion d’équipe et cette passion commune pour le façonnage des pistes rendent notre métier à la fois gratifiant et enrichissant.

Les Gets : Quels sont les avantages de ce métier ?

Noé : Être toujours en extérieur est une chance en soit. Le lever du soleil, avec les montagnes en toile de fond, est tout simplement indescriptible. C’est une sensation magique qui nous envahit lorsque nous nous mettons en action, que ce soit sous un soleil éclatant, et même sous la pluie.

Les Gets : Des inconvénients ?

Noé : Le métier de shaper est extrêmement physique et exige une excellente condition physique. Travailler en tant que shaper implique de nombreuses heures passées à l’extérieur, souvent dans des conditions variées, et les tâches sont physiquement exigeantes.

Manier les outils tels que les pelles, les râteaux, les mini-pelles, et effectuer des travaux de terrassement, de nivellement et de construction de pistes nécessite une force physique conséquente. De plus, il faut être capable de supporter des efforts répétitifs sur une longue période. Je ne considère pas forcément le travail physique comme un inconvénient mais le métier demande un minimum d’entrainement.

Les Gets : Et pour finir une petite anecdote fun ?

Noé : Lorsque nous travaillons sur les pistes, nous les fermons pour la sécurité des vététistes, mais aussi pour la nôtre. Malgré cela, il arrive souvent que des vélos passent quand même, ce qui peut nous mettre en colère, car cela représente un réel danger. Un jour, alors qu’un vélo approchait, j’ai commencé à sortir de ma pelle et à exprimer poliment mon mécontentement en expliquant que c’était inadmissible. À ma grande surprise, le cycliste a enlevé son casque et c’était en fait mon ancien patron qui venait me dire bonjour et prendre des nouvelles… un quiproquo qui s’est terminé par un grand éclat de rire !